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Revolution 01x01 - Pilot
Mine de rien, on est déjà à la mi-septembre, alors il ne s'agit pas de ralentir la cadence. Alors que le rythme des diffusions s'intensifie, ladyteruki et moi-même poursuivons notre défi de la saison : visionner et commenter toutes les nouveautés qu'on pourra se mettre sous la dent. Vous avez compris le fonctionnement, afin de comparer nos points de vue, vous trouverez à la fin de chacun de mes articles consacré à une nouvelle série une bannière sur laquelle il vous suffira de cliquer pour aller consulter l'article de ladyteruki sur le même sujet.
Après avoir lancé les premières comédies de la saison, NBC ouvrira dès lundi le bal des nouvelles séries dramatiques avec Revolution, sur laquelle nous allons donc nous pencher aujourd'hui.
Qui, quand, où ?
Revolution est le fruit de l'imagination d'Eric Kripke. Le pilote, réalisé par Jon Favreau, sera officiellement diffusé le 17 septembre 2012 sur NBC. Il a cependant été mis en ligne à disposition du public sur le site officiel de la chaîne dès le 4 septembre.
C'est avec qui ?
La distribution principale est composée de Billy Burke (Miles Matheson), Tracy Spiridakos (Charlie Matheson), Giancarlo Esposito (Capitaine Tom Neville), Zak Orth (Aaron Pittman), David Lyons (Sebastian 'Bass' Monroe), Anna Lise Phillips (Maggie Foster), Graham Rogers (Danny Matheson), JD Pardo (Nate Walker), Tim Guinee (Ben Matheson), Maria Howell (Grace Beaumont) et Elizabeth Mitchell (Rachel Matheson).
De quoi ça parle ?
Par une soirée en apparence tout ce qu'il y a de plus ordinaire, l'électricité et toutes les sources d'énergie non-naturelles cessent de fonctionner. Quinze ans plus tard, Ben Matheson est abattu lorsqu'il tente de résister à la milice venue le chercher dans le village où il s'était installé avec ses enfants et sa nouvelle compagne. Avant de rendre son dernier soupir, il fait promettre à sa fille Charlie de secourir son fils Danny, qui a été fait prisonnier et de prendre contact avec son frère Miles, qui se trouve à Chicago. La jeune femme entame alors un périple à la recherche de son oncle.
Et j'en pense quoi ?
Ma crédibilité va très certainement en prendre un coup, mais je vais devoir revenir sur les propos que je tenais le mois dernier. Souvenez-vous, ce n'est pas si lointain, à l'évocation du pilote de Go On, je félicitais NBC pour son audace d'avoir choisi de mettre à l'antenne un projet aussi casse-gueule. J'aurais peut-être mieux fait de tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de leur jeter des fleurs, parce que depuis, j'ai vu Animal Practice, The New Normal et Revolution... et ça m'a donné des envies de meurtre !
La première personne que je vais pointer d'un doigt accusateur avant de prendre la chose par le menu détail, c'est Eric Kripke. Comment peut-on avoir l'outrecuidance de pondre un script aussi rétrograde et d'oser l'intituler Revolution ? Il faut vraiment ne douter de rien !
L'épisode s'ouvre sur une séquence de trois minutes trente montre en main au cours de laquelle Ben rentre chez lui complètement paniqué et annonce à son épouse Rachel que toutes les sources d'énergie vont s'éteindre. À peine le temps de le voir passer un coup de fil à son frère et charger un connecteur qui ressemble à une clef USB qu'il conservera précieusement que tout s'arrête effectivement de fonctionner et nous voici projetés quinze ans plus tard !
Au lieu de prendre le temps de nous montrer ne serait-ce qu'un minimum comment la société s'adapte au cours de cette ellipse temporelle, une voix off se charge d'envoyer balader toute question à ce sujet d'un revers de la main en quarante-cinq secondes à tout casser.
Lorsque nous retrouvons Ben vivant dans un hameau avec ses enfants désormais adolescents (car les gens intelligents ont fui les villes, selon la voix off) , on fait la rencontre de sa nouvelle compagne Maggie, la doctoresse du coin et de son ami Aaron, un ancien employé de Google qui fait office de professeur pour les enfants du village. Et accessoirement, on découvre au détour d'une réplique que son épouse Rachel est décédée au cours des quinze années écoulées depuis la séquence d'ouverture, mais bien entendu, on se garde bien de nous en dire plus sur les circonstances de sa tragique disparition.
Mais attention ! Il nous faut à tout prix une grosse louche d'émotion, alors c'est parti pour un flashback sans intérêt dans lequel on découvre enfin la préoccupation première de Ben et Rachel juste après le blackout : faire finir le pot de crème glacée qui est en train de fondre dans le congélateur à la petite Charlie, parce que de toutes les informations auxquelles elle n'aura plus accès pendant les années à venir, la plus importante à retenir, c'est le goût de la crème glacée ! Et pendant ce temps-là, les avions tombent au sol, mais on s'en fout. Curieux sens des priorités, à mon humble avis...
Soudain, pour on ne sait trop quelle raison, la milice emmenée par le capitaine Neville débarque au village en exigeant de parler à Ben. Celui-ci demande bravement ce que le pouvoir en place lui veut et en guise de toute réponse se fait engueuler comme du poisson pourri par l'odieux vilain méchant qui hurle pour éviter au scénariste d'avoir à se creuser la cervelle pour trouver une explication valable à sa venue au village. Vous n'avez pas encore compris ? Toutes les informations potentiellement importantes se doivent d'être distillées au compte-gouttes, il ne s'agit pas de perdre le spectateur en le noyant dans les détails superflus, voyons ! Pour ne rien arranger à l'affaire, Giancarlo Esposito en fait des caisses dans le rôle du militaire sadique, j'en étais presque étonné que chacune de ses répliques ne soit pas ponctuée par un caquètement machiavélique dans le genre MWAHAHAHAHAHAHA !
Comme ce brave Ben a le sens du sacrifice, le voici bientôt prêt à quitter le hameau malgré les suppliques éplorées de Maggie quand soudain, voilà que Danny se rebiffe et menace la milice, muni d'une arbalète. Il n'en faut pas beaucoup plus pour que les villageois se joignent à l'adolescent aussi tête-brûlée que tête-à-claques. Donc, je résume : ça fait supposément des années que ce gouvernement est en place, y'en avait pas un pour sortir l'artillerie et mener les autres à la rébellion mais il suffit qu'ils viennent chercher l'un d'entre eux et ils sont prêts à massacrer la milice ? Mais bien sûr !
La milice ouvre le feu et s'ensuit une bataille plus ridicule que terrifiante, au cours de laquelle Ben prend une balle dans le torse. En entendant le coup de feu, Charlie se précipite au cœur du village pour y trouver son père mourant. Le temps qu'elle parvienne sur les lieux, la milice a déjà levé le camp, se contentant dans sa grande bonté d'âme de ne faire qu'un seul prisonnier en la personne de Danny, préférant pour on ne sait quelle obscure raison laisser au reste de leurs assaillants libre cours pour tenter une opération de sauvetage quand bon leur semblera.
Comme dans toute scène déchirante qui se respecte, Ben a le temps de parler à sa fille pendant une bonne minute et demie avant de succomber à ses blessures pour mourir en héros. La scène est heureusement sauvée d'un ridicule total par la justesse de l'interprétation de Tracy Spiridakos, qui parvient à être émouvante.
Pour honorer la promesse faite à son père, voici bientôt Charlie en route pour Chicago à la recherche de son oncle, dont l'aide lui sera semble-t-il précieuse pour secourir Danny, flanquée de Maggie et d'Aaron, l'occasion de nous révéler que celui-ci est désormais en possession de la fameuse clef USB de Ben. À la nuit tombante, nos trois pélerins trouvent refuge dans la carcasse d'un avion où ils sont bientôt agressés par trois petites frappes sorties de nulle part, qui veulent visiblement boire un coup et prendre du bon temps avec Charlie et Maggie. Coup de bol, cette dernière avait prévu le coup ! Elle leur fait boire quelques gorgées d'un breuvage empoisonné et voici les deux premiers neutralisés en deux temps, trois mouvements ! Le troisième larron est pour sa part abattu alors qu'il tente de violer Charlie par une flèche décochée par Nate, le beau jeune homme que celle-ci a croisé en chemin près de la rivière plus tôt dans la journée. Elle est pas belle, la vie ?
En parallèle, nous suivons le parcours de Danny. Figurez-vous que la milice a le bon sens de détenir ses prisonniers dans un champ, en plein air, avec pour toute attache une planche de bois fixée par une grosse vis rouillée mal serrée. Voilà qui est bien pratique pour permettre au jeune homme de se faire la malle au milieu de la nuit et de trouver refuge dans la maison la plus proche, chez une certaine Grace au petit matin. Le nom de cette dernière n'ayant d'ailleurs pas été mentionné dans l'épisode, j'ai dû me reporter à la partie casting des fiches de renseignements sur la série trouvables sur le web pour le connaître. Je vous dis, on ne s'embarrasse pas de détails comme le nom des personnages dans Revolution.
Nous retrouvons Charlie et ses compagnons de route arrivant enfin à destination, au grand hôtel délabré où ils sont censés trouver Miles. Et là, on ne peut s'empêcher de penser que c'est bien dommage que le loto ait probablement disparu en même temps que la télévision parce qu'avec une veine pas croyable, celui-ci s'avère n'être autre que le premier quidam qu'ils interrogent sur la foule présente sur les lieux ! Une veine de cocu, je vous dis ! Et en plus, c'est qu'il a du flair, le bougre ! À peine trois minutes qu'il a fait leur connaissance qu'il découvre déjà que Nate est un traître qui appartient à la république de Monroe... si ça, c'est pas de l'instinct ! En vieux briscard à qui on ne la fait pas, Miles est évidemment doté d'un caractère de cochon et s'entête un moment à refuser de partir secourir son neveu parce que celui-ci n'est qu'un appât pour le conduire tout droit dans les filets de la milice mais devant le désarroi de Charlie, il finira évidemment par céder après une attaque au cours de laquelle ils ont réussi à neutraliser une quarantaine d'hommes à quatre. Quelle classe, quand même !
Le lendemain matin, le capitaine Neville vient frapper à la porte de Grace, à la recherche de Danny. Deux ou trois répliques intimidantes à souhait plus tard, celle-ci le laisse donc entrer chez elle sans broncher et repartir aussi sec avec son prisonnier. Après tout, chacun sa merde, tant qu'il ne s'en prend pas à elle, aucune raison de s'en faire un ennemi.
Comme c'est bien beau tout ça, mais les quarante-trois minutes de l'épisode touchent à leur fin, on se dit que l'heure est venue de nous pondre une révélation choc. Attention, tenez-vous prêts à découvrir l'impensable : le grand méchant de l'affaire, ce n'est pas Neville ! Celui-ci n'est qu'un sous-fifre du terrible Général Monroe, lequel n'est autre que le compagnon de beuverie de Miles le soir où tout a basculé ! Ah ben tiens, si on l'avait pas vue venir à dix kilomètres, celle-là !
Mais n'oublions pas l'essentiel, on est après tout dans une série produite par J.J. Abrams, les enfants, alors il nous faut obligatoirement un mystère de la mort qui tue. Voilà donc qu'on retrouve Grace, prenant toutes les précautions pour s'assurer que personne ne la voie monter dans son grenier où, surprise mes amis, elle sort un connecteur énergétique similaire à celui de Ben que possède Aaron - c'est probablement le même, question de budget - et communique via son ordinateur avec un mystérieux interlocuteur...
Attention, spoiler potentiel ! Conseil d'ami, passez directement au paragraphe suivant si vous n'avez pas suivi l'actualité des mouvements de casting de la série pendant l'été. En y réfléchissant un minimum, je suis quasiment certain de l'identité de l'interlocuteur en question. Allez, me faîtes pas croire que vous n'avez pas trouvé ça suspect, vous, tout le foin qu'on a fait dans la presse quand Elizabeth Mitchell a récupéré le rôle initialement confié à Andrea Roth. Et ça ne vous a bien sûr pas non plus mis la puce à l'oreille d'apprendre quelques jours plus tard que le rôle de Maggie était voué à passer du statut de personnage régulier à celui de simple récurrent... Personnellement, j'ai du mal à croire qu'on soit allé chercher Elizabeth Mitchell pour lui faire faire de la simple figuration trois minutes par-ci, cinq minutes par-là dans des flashbacks tout au long de la saison. Et comme on s'est bien gardé de nous en dire plus sur la mort de Rachel, je ne serais pas du tout surpris qu'elle ne soit pas plus morte que vous et moi mais soit en fait le leader de la rébellion à laquelle appartient visiblement Grace. Voilà qui en plus lui donnerait une place de choix sur la liste des potentielles amantes à venir de Miles, parce que le coup du mufle renfrogné célibataire endurci, on sait tous que ça ne durera qu'un temps !
Si je devais tenter à tout prix de trouver un point positif à ce pilote, je dirais qu'outre la présence de quelques comédiens solides, dont la prometteuse Tracy Spiridakos que j'espère déjà retrouver ailleurs prochainement, la seule véritable qualité de Revolution, c'est son esthétisme. Visuellement, c'est très beau, qu'il s'agisse des décors ou des costumes, ils n'ont pas lésiné sur cet aspect là - je pense notamment au décor de l'hôtel de Chicago avec son faux air de théâtre antique en ruines, un régal pour les yeux. Pour les costumes, on notera qu'Aaron porte un tee-shirt au nom d'AC/DC probablement plus pour la référence au courant électrique qu'en raison de ses goûts musicaux et on conviendra que l'industrie textile est la seule à ne pas du tout avoir pâti des quinze années sans électricité... Bonjour la crédibilité, une fois de plus, mais on nous aura au moins épargné les pagnes, peaux de bêtes et autres feuilles de vigne, c'est toujours ça !
Pour résumer, malheureusement, la seule révolution que j'ai vue ici, et ça me fait mal de le dire car je peux vous assurer que ça me met vraiment en rogne, c'est celle qui semble s'être opérée dans l'esprit des dirigeants de NBC. La saison dernière a été catastrophique au niveau des audiences, alors c'est l'artistique qui va trinquer cette année au profit d'œuvres moins qualitatives, mais plus vendeuses auprès d'un public de masse. Adieu projets ambitieux demandant un investissement du téléspectateur, place à la médiocrité qui fait fureur chez CBS depuis des années. C'est dans ces moments-là qu'on comprend comment la chaîne en est arrivée à associer un programme comme Community à Whitney dans sa grille de rentrée. On privilégie le style à la substance et c'est vraiment fort regrettable.
À vouloir ratisser trop large, la série s'attirera probablement les faveurs des marchands de glace, d'alcool, de poisons divers et de clefs USB, mais certainement pas celles des amateurs de séries, qui n'apprécieront pas d'être pris pour des truffes. Désolé, NBC, cette soupe sent l'attrape-couillon à plein nez et la suite, ce sera sans moi ! Cette semaine, J.J. Abrams disait à la presse avoir la nostalgie du temps où il produisait Felicity. Vous savez quoi ? Moi aussi.
Tiens, je t'ai pas déjà vu quelque part, toi ?
Quand je vous dis que ce pilote transpire la pauvreté par tous les pores : exception faite de figurants sans envergure, il n'y a même pas de guest stars, donc pour le coup, je ressors bredouille pour cette rubrique.
Tags : télévision, pilotes, revolution, billy burke, tracy spiridakos, giancarlo esposito, zak orth, david lyons, tim guinee, elizabeth mitchell
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Commentaires
Eh bien je ne suis pas fâchée qu'on soit d'accord sur Tracy Spiridakos. Autant il y a des scènes où, hein, bof, autant la mort de son papounet, bah j'avais un truc dans l'oeil dis donc. Vraiment je la trouve bien cette petite, effectivement rendez-vous dans quelques semaines, mois au pire, histoire de la voir à l'oeuvre dans quelque chose de plus potable.
A part ça, tout est résumé à la perfection, je dirais même que ça vaudrait presque le coup de regarder la série avec ton post comme narration en voix off XD Bon, presque hein, courageuse mais pas téméraire. Et ya assez de trucs à regarder sans se farcir Revolution une seconde fois. Mais c'est exactement ça. Et le pire c'est que jusque là, les reviews que je lis sont assez unanimes, alors question : on fume quoi exactement chez NBC, combien ça s'achète, et est-ce que c'est d'origine colombienne ? Parce qu'en voyant ce pilote, moi j'aurais remballé mon carnet de chèques, pas commandé une saison.
D'ailleurs je te trouve d'une tolérance désarmante envers l'esthétisme de la série. Bon, les décors sont pas totalement à jeter, on est d'accord, mais c'est très fake. Pour reprendre ton exemple de "théâtre antique", le puits de lumière qui tombe sur les escaliers, c'était quand même super moche. Et très franchement ça fait trop looké justement. Tout comme Terra Nova et Falling Skies (pardon de me répéter, mais la parenté me semble si criante), ça manque de saleté, de poussière, de vécu quoi. C'est du studio, de la post-prod, mais certainement pas propre à pénétrer dans cet univers. Franchement, le village avec ses grosses laitues toutes vertes, c'est une grosse blague, non ?Par contre quand tu dis que Rachel n'est probablement pas plus morte que toi et moi... eh, parle pour toi, tu veux ? Ca se trouve je suis morte, et t'en sais rien du tout. Par exemple j'étais morte de rire en lisant ton post, alors tu vois...!
Ah ah, excellent article ! Pas du tout convaincue par ce pilot ( plein de trucs piqués à Flash Forward et à Jericho, entre autres) ! Enfin, bon comme pour Terra Nova l'an dernier, je vais lui laisser sa chance pendant 4 épisodes, j'aviserai après ! Je n'avais pas du tout pensé que le perso d'Elizabeth Mitchell puisse être vivant mais si c'est le cas chapeau et en plus ça me donne envie de continuer rien que pour ça ! :D
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Danny...
Non, mais c'est sa coupe à la Bieber qui lui a valu d'obtenir le rôle ? En plus, de nous infliger un pilote aussi mauvais, il fallait aussi nous infliger un personnage pareil ? Par de nombreux aspects, ça m'a rappelé Falling Skies... en pire, c'est dire.
Non, franchement, au secours.